L’ENS AU TEMPS DU COVID-19

Depuis la décision gouvernementale de fermer les universités et grandes écoles sur tout le territoire national, enseignants et étudiants se sont résolus à ce confinement venu mettre un coup d’arrêt à une année qui avait pourtant bien débuté.

De toute évidence, une telle décision fait débat d’autant que les doctrines diffèrent selon les pays. Mais à l’examen, la situation épidémiologique à travers le monde de la plupart des pays a opté pour le confinement partiel (comme c’est le cas au Gabon) ou par le confinement d’une partie ou de la totalité d’une partie du territoire.

Faut-il le rappeler, le confinement sert à casser la chaine de contamination. L’ennemi est invisible et certaines personnes peuvent être contagieuses, sans être symptomatiques.

C’est une situation inédite. Le monde est à l’arrêt en temps de paix. En temps de paix ! Tout est ainsi bouleversé et appelle à revisiter les habitudes. Particulièrement, la pandémie du Covid-19 commande que chaque secteur d’activité se renouvelle et se relise à l’aune de cette crise multidimensionnelle.

Ainsi donc, comment l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Libreville peut-elle se réinventer en ces temps troubles ? Comment l’ENS peut-elle continuer à assurer ses missions d’enseignement, de recherche et d’encadrement en ces temps particulièrement troubles ?

La continuité des missions régaliennes des établissements d’enseignement du pré-primaire à l’université est une préoccupation majeure à l’échelle du monde. A tel point que les gouvernements, l’Unesco, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), des fondations privées s’investissent dans la recherche de solutions pratiques et pérennes.

Mais en attendant (pas Godot !), il est possible de s’organiser en s’appuyant sur des solutions qui existent, et dont l’utilisation est relativement facile aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants.

Dans tous les cas, il s’agira de mettre en place des classes virtuelles dont l’organisation doit être plastique. A ce jour, il existe de nombreuses solutions, payantes, mais aussi libres. Ici, seules les solutions à accès libres seront présentées.

  1. Le réseau social WhatsApp : cette application libre sur les systèmes Windows, Mac, Android et iOS est très populaire auprès des étudiants et des enseignants. A vrai dire, elle est largement utilisée dans la communication entre étudiants et enseignants. Ces derniers disponibilisent les enseignements soit sous forme de fichiers Word ou PDF. Les enseignants peuvent également déposer des vidéos. Cependant, cette dernière procédure est limitée par la taille maximale des fichiers autorisée par le réseau. Cet obstacle peut être contourné en déposant l’url de la vidéo. Il s’agira ici de formaliser ces différents fora pour qu’ils deviennent de véritables classes réelles, bien que virtuelles.
  2.  Les plateformes Zoom (https://zoom.us/fr-fr/meetings.html) et Team Link (https://www.teamlink.co/) : ce sont de puissants outils de communication qui peuvent être utilement adoptés par l’ENS, d’autant que plusieurs universités et certaines communautés religieuses les utilisent en ce temps de crise pour assurer la continuité du service. En pratique, les cours peuvent se faire soit en présentiel soit pré-enregistrés par l’enseignant ultérieurement déposés sur une chaine YouTube expressément dédiée.  L’organisation des cours en présentiel nécessite que l’enseignant donne rendez-vous aux étudiants qui pourront interagir en temps réel avec l’enseignant qui dispose d’un tableau pour illustrer ses explications. Il convient de noter que la plateforme Team Link permet d’interagir en open Access avec 300 participants (largement au-dessus des effectifs moyens des classes à l’ENS).
  3.  La plateforme Moodle (moodle.org) : c’est l’une des plateformes les plus utilisées à travers le monde. Elle permet une gestion fluide des classes avec un ensemble de fonctionnalités qui permettent collaboration et interactivité entre enseignants et étudiants. Il faut cependant souligner que la prise en main de Moodle nécessite formation et accompagnement. Comme pour les autres plateformes supra, Moodle accepte différents types de fichiers (audio, vidéo, Word et PDF). Ajoutons que certains pays Africains ont adopté Moodle comme plateforme de cours à distance.

En dehors de ces plateformes, étudiants et enseignants peuvent mettre à profit la période de confinement pour explorer de nouveaux champs de connaissances. A cet égard, les Mooc (Massive Open Online Course) ouvrent sur incroyable univers de possibilités (sinod.fr, edx.org, fun-mooc.com, mooc-francophone.com, etc.). Tout ou presque y est enseigné et pour tous les niveaux (débutants ou experts). Cerise sur le gâteau, ces cours sont dispensés par les plus grands spécialistes des plus grandes universités. A la fin de la formation, vous avez droit à un certificat de participation ou à un certificat d’admission signés par les autorités de l’université qui a proposé le cours.

De toute évidence, l’intégration des technologies de l’information et de la communication pour la communication est un loin d’être une sinécure. En effet, elle exige un changement de paradigme, aussi bien chez les enseignants que chez les apprenants, pour ainsi faire corps avec la conjoncture liée à la pandémie du covid-19. Davantage, pour semer la graine d’une autre lecture du processus d’enseignement et d’apprentissage. Assurément, il y a des obstacles à dépasser : des obstacles matériels et logistiques (l’épineuse questions de l’accès internet, les terminaux informatiques, etc.), mais également des obstacles épistémologiques et du performatif.

Dans tous les cas, l’introduction de et la généralisation des cours à distance nécessitera un engagement fort de tous, un renforcement des capacités individuelles et institutionnelles. Et, rêvons un peu, pourquoi pas un département de TICE à l’ENS ?

MEWONO Ludovic

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